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Le jour où… « Nos 650 bêtes ont failli être abattues »

Claude, éleveur en Pays de Loire

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«Je suis associé avec deux éleveurs en production lait et viande. Tout a commencé en mars 2014. Dix jours après le départ à l’abattoir d’une de nos génisses, la DSV (1) nous appelle pour signaler une suspicion de tuberculose. Notre interlocuteur nous convoque. Il nous annonce qu’il faut abattre tout notre troupeau, soit 650 bêtes. Quel choc ! Nos échanges deviennent alors houleux. Nous refusons l’abattage, et nous demandons de refaire des prélèvements. Mais en face le fonctionnaire nous répond : « C’est la loi. »

Un deuxième rendez-vous est calé en présence d’agriculteurs du GDS (2), qui ont demandé la tenue d’une réunion publique. En effet, l’administration veut retirer les cartes vertes de tous les éleveurs environnants. Ce qui fait beaucoup de monde, car ici le parcellaire est très dispersé. Entre-temps, la DSV a accepté de débuter des tests sanguins sur les bêtes.

Lors de la réunion publique, les autres éleveurs font front avec nous, cela nous a beaucoup aidés. C’est important de voir qu’on est soutenu. Ça m’a touché. La situation prend de l’ampleur, et la DGAL (3), jusque-là sourde à nos demandes, dépêche un vétérinaire agréé. Il ordonne la mise en place de tests avec vide partiel.

2 100 prises de sang

Pendant quatre périodes de cinq semaines, une technicienne vient le lundi et le jeudi, durant une demi-journée. Elle réalise 2 100 prises de sang ! La DGAL a tout payé, mais nous avons dû faire preuve d’une grande disponibilité. Rétrospectivement, je me demande comment nous avons tenu le coup ! Heureusement, nous nous sommes soutenus entre associés.

Aucune bête n’a été contrôlée positive, mais certaines analyses étaient non conclusives. Alors, 19 animaux ont été abattus. Nous avons chaulé les terrains, et décapé tous les bâtiments. Finalement, le 5 août 2015, nous avons repris une activité normale. Cela a duré dix-sept mois. La DGAL nous a indemnisés pour les bêtes abattues, mais pas pour le reste : temps passé, baisse du nombre de litres de lait… Côté viande, celle-ci n’étant pas impropre à la consommation, nos animaux ont continué à partir à l’abattoir, avec des laissez-passer. Mais à la fin, c’est également devenu compliqué pour les abatteurs : il fallait faire des tests, et un vétérinaire devait être présent pour l’abattage.

Tout compte fait, ça a été dur, mais nous nous en sommes sortis. »

Propos recueillis par Louise Cottineau

(1) Direction des services vétérinaires. (2) Groupement de défense sanitaire. (3) Direction générale de l’alimentation.

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